Les désenchantés – Maalouff

Direction le Maroc pour le Mois Africain de Jostein ! Avec un expatrié en France qui revient après vingt cinq ans dans sa terre natale qu’il a fuit. L’auteur s’inspire librement de son passé et de sa vie, y insufflant une bonne dose de fantasme et de mélancolie.

Amin Maalouf, Les désorientés, Grasset, 2012, 528 pages.

Comment un académicien de l’académie française ne peut pas savoir qu’il faut choisir entre la première et la troisième personne fu singulier ? Un narrateur omniscient… Ou pas !
Obligé ? Non. Mais faut-il encore que ce soit bien fait ! On n’en comprend l’intérêt qu’à la fin.
En attendant, cette narration extérieure donne l’impression que le personnage se regarde écrire, se regarde vivre car c’est la même intonation et les mêmes mots.

Et cette narration omnisciente donne l’impression que le journal intime que le personnage principal rédige en même temps qu’il vit, n’est pas suffisamment capable de donner corps aux émotions et à l’histoire. L’histoire est celle d’un jeune désormais vieux, comme il y en a tant, qui a choisi de partir pour la France et qui se confronte aux fantômes restés au pays.

C’est très bavard, chaque personnage s’écoute parler, se regarde écrire, ce qui donne un foisonnement de longs monologue assez rébarbatifs. D’autant plus qu’ils sont tous écrits exactement de la même manière, sans subtilité de langage personnel. De plus, la narration extérieure est très basique, rien de ce qu’on attend de la langue d’un académicien. Bref, c’est long pour un roman pourtant de taille moyenne.

Certes, la quatrième de couverture tient ses promesses : un rassemblement de vieux amis, mais cela s’arrête là. On ne se prend pas de passion pour leurs histoires, leur personnalité et comportements sont trop archétypaux, quelque part trop semblables, comme s’ils étaient tous du même moule et que seules leurs histoires les avait amenées à différer. Je pense que cependant c’est exactement ce que l’auteur a voulu faire : comment des enfants d »un même pays, déchirés par la guerre, évoluent au sein de ce même pays ou loin de lui.

4 commentaires Ajouter un commentaire

  1. jostein59 dit :

    Je n’ai encore jamais lu cet auteur. En te lisant, je ne commencerai pas avec ce titre. C’est toutefois un aperçu assez réaliste de ce que représente l’exil. Merci pour ce partage

    1. Oui, je pense que son travail littéraire est intéressant mais qu’il fantasme trop son nombril avec cette autobiographie romancée… A réessayer avec une autre lecture !

  2. Bibliofeel dit :

    J’ai du respect pour Alain Maalouf dont j’ai lu, aimé Le Rocher de Tanios et Le périple de Baldassare. Son dernier essai Le Labyrinthe des égarés, sous-titré, L’occident et ses adversaires m’intéresse plus que « Les Désorientés ». Pour le moment, c’est moi qui suis dés-orienté, trop sonné par l’actualité pour avoir envie de lire Maalouf même s’il porte cette parole de paix qui manque tragiquement…

    1. Oui, très clairement la résonnance est… intense.
      Mais je pense que malheureusement c’est peut-être pas le meilleur livre pour le découvrir. C’est comme tous les grands hommes quand ils parlent d’eux… Ils ont pas besoin d’être respectés par d’autres tellement ils s’aiment déjà ahah !
      Mais pourquoi pas essayer un autre de ses livres qui porte le même message, d’une manière qui me plaira sans doute plus 🙂

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