Le Piège Walt Disney – Feric

Je quitte le challenge des Prix Nobel pour me consacrer au Mois de l’Europe de l’Est d’Eva, Patrick et Goran. Acheté et lu dans la foulée, c’est d’ailleurs Goran qui m’a convaincue dans mon achat. Une lecture rapide, des nouvelles comme l’éclair, et ça n’a rien de désagréable.

Zoran Feric, Le Piège Walt Disney, éditions de l’Éclisse, 1996 pour l’édition originale, 2019 pour la présente, 192 pages.

Ce livre, de cette petite maison d’édition indépendante, a reçu l’aide du ministère de la Culture croate et de la Région Grand Est. Malheureusement, malgré ses aides, et peut-être à cause un succès inespéré, il y a eu un problème dans la fabrication : je soupçonne que l’imprimeur ait envoyé son livre trop tôt, la colle n’a pas eu le temps de prendre. Je me suis retrouvée à désagréablement détacher chaque feuillet au lieu de tourner les pages : même en ne le mettant pas à plat, même en le tenant bien serré jusqu’à avoir du mal à lire les mots côtés tranches… Bon, ça n’enlève rien à la qualité de l’écriture mais c’est agaçant.

Zoran Feric nous plonge dans son univers par 10 étranges nouvelles, entre psychédélisme abstrait et désillusion réaliste de notre monde. Ne serait-ce que part le titre, on s’attend à cette mordante critique de la société, mais il faut dire qu’elle est belle cette critique, sombre, mais si bien faite, si bien mise en scène ! De Walt Disney, en passant par le culte de la minceur et la surconsommation dont les Eglises sont des centres commerciaux qui tiennent plus du centre de concentration que du lieu de culte… Incisif, rapide, l’auteur va droit à l’essentiel tout en laissant toujours planer une poétique insaisissable, tapie dans l’ombre, discrète, mais qui ne fait que donner plus de piquant à la critique.
Cependant, je n’ai pas été aussi emballée que je m’y attendais : mais c’est aussi mon défaut, je me « hype » trop, je mets la barre trop haut. Des fois, j’ai trouvé des passages justement trop insaisissables.

Il y a quelque chose qui m’a grandement impressionnée, au delà de l’univers tout de même intéressant et prenant, c’est l’écriture. Alors oui, c’est rapide comme je le disais, on est loin d’une complexité littéraire foisonnante, mais l’auteur maîtrise absolument les divers langages de ses textes. Il passe, d’une nouvelle à l’autre, à des narrations diverses : première personne du singulier, troisième personne du singulier, deuxième personne du pluriel. C’est intéressant et surprenant à la fois, mais les registres sont divers aussi, intimes ou carrément cliniques, parfois relevant du conte, d’autres fois nous baladant de souvenirs en souvenirs…

Les nouvelles s’enchaînent sans se ressembler, au contraire, toujours faites pour nous dérouter, de plus en plus, sans concession, de désillusions en désillusions pour lesquelles on se pâmeraient pourtant.

Comme j’aime vous raconter mes anecdotes, je vais vous raconter celle de ce livre pour terminer cet article. J’avais commander l’ouvrage chez mon libraire, quand je suis allée chercher mon dû il me dit :
« Ah c’est vous le livre sur les dessins animés ?« 
« Hein ? Heu… non…« 
« Non mais y a Disney dans le titre.« 

J’étais outrée ahah

9 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Goran dit :

    Je cite un commentaire lu je ne sais plus où « les libraires, semblables à des bouchers végétariens, ne consomment rien de ce qu’ils vendent »: En tout cas ton libraire est hallucinant.

    1. Pour sa défense : il ne l’avait pas en rayon ! L’ouvrage étant récent et peut-être qu’il ne présente pas cette maison d’édition… Je le lui ai fait commandé. Mais oui j’ai été assez surprise ahah

      1. Goran dit :

        Certes, mais il n’a pas eu la curiosité de feuilleter l’ouvrage après l’avoir reçu. Il aurait pu vite comprendre, c’est ce manque de curiosité (pour un amoureux des livres ?) qui me stupéfie.

      2. En effet, je n’avais pas songé à cela ! Mais oui, il était d’ailleurs gêné quand il a compris la méprise.

  2. C’est également Goran qui m’a conseillé de lire ce livre 🙂 Je vois que vous avez quelques réserves, de mon côté j’ai trouvé cet humour noir assez réussi dans l’ensemble. Mais dans les recueils de nouvelles il y en a toujours de moins bonnes que les autres …

    1. Oui ! Bien que je l’ai trouvé très cohérent et bien mené certaines m’ont marqué plus que d’autres 🙂

  3. Éclisse dit :

    Bonjour, ici les éditions de l’Éclisse. Merci pour ce retour de lecture tout en nuance, il est vrai que Zoran Feric a un style qui peut dérouter et son humour grotesque est délicat à transcrire dans une autre langue, vos remarques sont tout à fait pertinentes. En ce qui concerne la reliure nous avons eu un petit souci sur un lot à l’assemblage des cahiers. Comme nous débutons notre activité chaque étape est un apprentissage. Nous espérons que vous pourrez excuser ce désagrément.

    1. Bonjour, merci beaucoup d’être passé sur le Bar aux Lettres !
      La reliure m’a agacée, certes, mais elle est loin de m’avoir désintéressée de votre maison d’édition ! C’est normal, j’ai déjà eu ce soucis.
      Après mon blog reste un blog où je couche principalement mes ressentis, et cela ne remet pas en cause la qualité du travail de l’auteur ou de la maison d’édition. Certaines choses m’ont plu, d’autres non, de manière tout à fait subjective. Merci encore d’avoir lu mon article.

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