Une si longue lettre – Bâ

J’ai failli abandonner cette lecture, cette longue lettre. En effet, je trouvais que le système choisi, épistolaire donc, était assez inutile, jusqu’à la fin, où on comprend l’intérêt de la lettre.
Lecture dans le cadre du Challenge 2020 de Madame Lit : et en rédigeant cet article je me rends compte qu’elle a été primée, en réalité, pour Un chant écarlate qui est son deuxième roman et pas Une si longue lettre qui est son premier.

Mariama Bâ, Une si longue lettre, Le serpent à plumes, 2001, 164 pages.

Moi qui aime tant lire car la lecture me permet de découvrir de nombreuses choses que je ne connais pas. Cette si courte lecture m’a parue pourtant longue. Justement, dans ma soif de découverte, j’ai eu beaucoup de mal à démarrer car il me manquait de nombreux codes à l’amorce de ma lecture. Moi qui pensais plier ces pages en quelques heures, il m’a fallut trois jours. D’autant plus que je ne parvenais pas à me passionner à l’ouvrage dans sa globalité, je ne voyais pas où l’autrice souhaitait en venir. Certains passages très beaux, mais c’est surtout vers la fin où on comprend le but enfin.

Comme je le disais j’ai trouvé le concept de la lettre assez… bof. Car cela aurait pu être un roman tant cet écrit est complexe dans sa globalité. On découvre des rites propres à la culture sénégalaise comme le mariage, l’enterrement, mais également l’autrice aborde son rapport à la polygamie. Le livre est très riche car en plus d’aborder les traditions, il retrace leurs évolutions comme leur désuétude.

Ce livre est donc un ouvrage sur l’évolution du statut de la femme sénégalaise. Le statut de la femme, en effet, représente beaucoup la société. Quand on regarde ce qu’il advient des femmes, la place qu’on leur accorde, la manière dont on la leur accorde, on regarde un peuple. Le statut de la femme raconte beaucoup d’une société quelle qu’elle soit car toutes les femmes de ce monde devraient être les légales des hommes. Et justement, le fait que ce soit souvent un cheminement si ardu pour arriver à cette égalité montre bien qu’il y a un des maux dans les sociétés, cela met le doigts sur de nombreux symptômes. Et c’est pour ça que ce livre a été primée : l’autrice, en faisant parler une femme nous montre sa société.

La lettre se déroule ainsi : on y arrive en plein rituel, où justement j’ai eu tant de mal à raccrocher les wagons car le côté cérémonial est décrit avec beaucoup de distance. On comprend que quelque chose cloche dans cette scène, ou en tout cas est en train de changer, mais cela reste latent, les traditions sont toujours bien ancrées au plus profond de la société et des âmes surtout.
Au fil de l’ouvrage, tout cela évolue, au delà du scepticisme dont la narratrice fait preuve dans ces premières pages. Elle-même, bien qu’elle ait paru critique de cette société au premier abord, est avalée par la vie et par la liberté des hommes toujours plus forte que la sienne. Elle vieillie, elle est veuve et mère de 12 enfants, et ne voit pas l’évolution tranquille des choses.
Je m’arrête bientôt pour ne rien divulgacher, mais de sa jeunesse à elle à celles de ses filles, on découvre à la fin du roman des jeunes femmes libres et modernes.

C’est donc un livre, ou plutôt, une lettre au bout de laquelle il faut aller pour en comprendre toutes les subtilités et toute la force du message qu’on saisi tout de même au vol. A la lecture, on ressent autant de peur que de soulagement à voir le monde évoluer. Des changements optimistes, nécessaires et salutaires qui comportent aussi leur dose de danger.

16 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Goran dit :

    « L’évolution tranquille des choses », je ne le voit pas non plus…

  2. Goran dit :

    tu dis ça « Elle vieillie, elle est veuve et mère de 12 enfants, et ne voit pas l’évolution tranquille des choses. »

    1. Ah tout à fait ! Nous avons bien trop la tête dans le guidob

  3. Madame lit dit :

    J’ai lu ce roman. D’ailleurs, voici ma chronique sur ce dernier.
    Mais contrairement à toi, j’ai embarqué tout de suite.

    1. Ah oui ! Je vais voir ça, j’avoue que j’ai eu un peu de mal au début.

      1. Madame lit dit :

        Titre noté pour le bilan!

      2. Malgré mon erreur ?

      3. Madame lit dit :

        Je vais l’expliquer comme toi…l’important, c’est de lire. L’autrice a tout de même remporté le prix pour un autre roman. Tu as juste confondue le livre.

      4. Oui, dans ma grande capacité d’attention j’ai réussi à me tromper hihi ! Merci !

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