Revue du Printemps – 2021

Le printemps a été marqué par le deuil, pensons aux livres qui nous sauvent et qui ont le pouvoir de changer nos humeurs. La vie reprend petit à petit cependant, ce printemps, peut-être plus violemment que tous les autres avec la réouverture des lieux de vies (et des musées !)
Ce trimestre, beaucoup de BDs et de lectures. Aussi, j’ai décidé d’accélérer le rythme de publication du Bar aux Lettres !
J’espère que vous prenez toujours autant de plaisir à découvrir des lectures avec moi, que j’en ai à faire dangereusement monter ma PàL avec vous !

Barmaid aux Lettres, 2021.

CHALLENGES

Ω CHALLENGE : Lisons en bulles !
8 bulles en plus de 15 lectures

Fred Bernard, Benjamin Flao, Essence, Futuropolis, 2018, 184 pages.

Dans un désert onirique et apocalyptique, nous sommes jetés sur une route désertique dans un road trip halluciné, plongé dans les souvenirs rêvés du personnage principal, lui-même perdu. On suit une femme sans nom a qui il n’offre aucune résistance, à la recherche d’essence pour pouvoir continuer le road trip, comme a la recherche de son passé.
Le dessin est comme croqué, à la va vite, resté dans cet état griffonné. Cela donne ce qu’il faut de bel effet à la ruine, et même aux détails steampunk.
La grande force de ce roman graphique réside dans l’ambiance, que j’ai déjà sobrement décrite, mais qui est réellement particulière, onirique et morbide ce qu’il faut. Des interrogations qui font tourner rapidement les pages, et surtout, un dessin sublime.
Vraiment des lieux impossibles, labyrinthiques et hallucinés qui donnent envie.
Une fin grosse comme une maison, attendue, niaise, et très dommage.
Clairement pas à la hauteur de l’ambiance si particulière. Mais dont les très belles pages valent franchement le coup d’œil et le plaisir de détailler. Moi qui ne suis pas très « voitures » ni sport automobile, j’ai adoré ce roadtrip fantasmé, les paysages et les bagnoles.

Aantonia Altarriba & Keko, Moi, Fou, Denoël, 2018, 138 pages

Ce roman graphique mêle le thème de la folie, de la dépression et de l’art. Je trouvais qu’il y avait un certain intérêt dans ce mélange.
Le dessin est agréable, d’une patte lourde et franche, avec de gros aplats de noirs. Certains détails ressortent en jaune. Comme autant d’étoiles dévorées dans la nuit
La nuit, justement c’est ainsi que ça commence : le personnage principal tient un journal de rêves, ou plutôt, un journal de cauchemars. Ces rêves noirs se propagent dans son esprit depuis son adolescence, ils le rattrapent aujourd’hui. Il sombre dans une terrible folie, elle même attisée par la pression qu’il subit au travail. En effet, il est très intéressé par tout ce qui attrait à la psychanalise. Il travaille dans un laboratoire, une vraie usine à pathologie. Il étudie et nomme, il classifie tout un tas de pathologies et ses supérieurs se tirent la couverture.
Dans cette triste mise en scène, le personnage principal se voit sombrer. Il y a également un étrange écho à l’actualité, qui n’était alors pas voulu lors de la publication de l’ouvrage. En effet, ancré dans notre réalité, le fameux laboratoire de recherches pathologiques appartient à Pfizer. Entreprise qu’on connait plutôt bien désormais !
Ainsi, s’il y a une pointe de critique des laboratoires mais aussi, en filigrane, du monde et du marché de l’art, c’est surtout un récit finalement… Assez plat. Début, milieu, fin, tout cela attendu, avec un manque de surprise remarquable. J’étais plutôt motivée en ouvrant le livre, pour finalement me trouvé assez déconfite durant la lecture de l’ouvrage. Oui, il y a des choses intéressantes, c’est bien fait, mais il n’y a rien d’exceptionnel ou qui nous étonne.

Nicolas Cartelet, Les plus belles filles de la BD érotique, Dynamite, 2020, 262 pages.

On me fait des cadeaux bien étrange, le plus étrange dans cette affaire est qu’elles ont été plusieurs a repérer cette anthologie et qu’elles ont mené bataille pour savoir qui aurait l’honneur de l’acheter et de me l’offrir.
Difficile de dire ce que j’en pense. Je pense qu’en effet, dans les styles graphiques, les univers, les histoires et les genres sont très divers . Tout aussi divers que les plastiques de ces jeunes femmes.
On regrette tout de même un manque d’originalité : on a de la Jane Birkin ou de la Kim Kardashian. Les couleurs de cheveux varié mais moins les corps qui se déclinent en ces deux types de nymphes. Variation pour les transsexuelles très présentes. On pourrait faire à la BD érotique la même critique qu’il a été faite à 2044, au delà des nombreux bugs de la version Alpha, il a posé de vrai problèmes discriminatoires. En effet, les transexuelles sont mises à l’honneur, en tant que femme qui ont la particularité de pouvoir en pénétrer d’autres. Au delà du fait que cette mise en scène fasse « bête de foire » je vous invite à aller voir les études au sujet de la transexuelité qui est si peu encore accepté dans notre société.
Enfin, on sait que ce genre de BD s’adresse à un public essentiellement masculin et c’est dommage. Peu d’héroïnes m’ont permise de m’identifier ou d’approcher de situations emoustillantes pour une femme. Je ne parle pas de sentiments, mais de fantasmés qui correspondent mieux à un imaginaire masculin que féminin. Dommage, la plupart des morceaux choisis sont donc plus gênants qu affriolant.
On adore cependant les dessins et la plastiques des femmes. Bien plus soignés que les personnages masculins qui sont à peine plus que de vagues ombres.
De quoi filer des complexes aux femmes sur leur physique, mais soyons honnêtes, aux hommes aussi. Les femmes concernant l’entièreté de leur corps – bien que contrairement au porno visuel les poils soient acceptés, Dieu merci! – , les hommes concernant la taille de leur pénis.
J’en suis aux deux tiers et j’attends des corps réellement poilus, âgés, et ni minces ni musclés pour l’instant. Sans en faire des bêtes de foire .
Ah oui un truc qui m’a pas gêné, pas dérangé, mais énervé… C’est quelque chose que j’ai remarqué et qui n’a pas manqué de me sauter aux yeux. Mais je ne sais pas pourquoi. Comme si pour faire passer la pilule il fallait que les bulles soient-ils rédigées dans un français impeccable et raffiné que même certains auteurs ne maîtrisent pas : les personnages sont là, à poil, avec leur zgeg de trente centimètres et ils parlent à l’imparfait du subjonctif ! Je sais pas vous, mais ce n’est pas ce font j’ai l’habitude dans ce genre de situation.
De ce livre je garde tout de même un bon souvenir, car j’ai appris beaucoup de choses grâce à la page explicative de présentation qui précèdent les aventures rocambolesques des protagonistes

Sandrine Revel, Glenn Goulde, Dargaud, 2015, 136 pages.

Stéréotype du génie de la musique ? Peut-être ! Mais surtout d’un homme qui se veut libre. Qui rêve de la douceur de l’enfance où il avait tout le luxe de s’alanguir au clavier, de s’amuser avec ses animaux, tellement a l’écoute.. tellement plus simple à comprendre. Une enfance douce ? Pourtant pas si sûr, des parents exigeants, bien sûr. Mais surtout qui, à part la notoriété, ne comprennent pas grand chose à son talent. Son talent qui réside dans sa sensibilité. Contrairement à ses parents et a l’archétype il n’est pas féru de l’âge d’or du classique. Il préfère les magnétophone, la radio, aux salles de concert et aux rideaux de velours rouge. Il aime joue pour lui même, dans une bulle. Peu lui importe l’orchestre et le public, c’est un garçon qui rêve d’élever les animaux abandonnés dans une ferme. Loin des conventions, il veut vivre comme il l’entend, conscient que la maladie rode . L’aquarelle est douce et élégante, classique mais un peu maladroite car elle se fonde sur le physique de Glenn Goulde pour indiquer la temporalité, mais le trait n’être pas assez fin pour vraiment s’y retrouver. Par contre, tout ce qui est paysage et psychédélisme est superbement peint, une vraie maîtrise, c’est très beau.
C’est l’histoire d’un homme qui aspirait à créer, qui avait besoin de périodes monacales, d’être isolé, et qu’on jetait en pâture au public. Il préférait les studios d’enregistrement et jouer avec les sons, recommencer mixer, tout ça… Plutôt que d’être le centre d’attention du public. Faire partie de la foule anonyme ne le dérange pas non plus, il aime se nourrir des gens, de leurs attitudes, de les écouter et de les voir agir. Mais pas d’être leur coqueluche, seul au piano contre tous.
Des appels à l’aide en note de musique, que personne n’a jamais compris

Aurélien Ducoudray & Anlor, Amère Russie, Bamboo Edition, 2014-2015.

Un roman graphique en deux temps, difficile et poignant. Inspiré d’un fait divers, on suit l’histoire émouvante de l’attachante Ekaterina qui traverse la Russie jusqu’en Tchétchénie pour retrouver son fils disparu en pleine guerre. De nombreux personnages tous traumatisés par la Guerre qu’ils subissent à leur manière. Des récits poignants, baignés d’horreur, où il les ennemis ne sont que des hommes perdus qui s’entretuent. L’horreur de la guerre est dépeinte avec ses bombes, ses dommages collatéraux, ses vies détruites.

Eddy Simon, Marie Avril & Saphia Azzeddine, Confidence à Allah, Futuropolis, 2015, 86 pages.

Vous connaissez toutes cette prostituée-là, on l’imagine Française, Espagnole ou Italienne et est dépeinte par les artistes et les auteurs car elle les fascine ? Mais si, vous savez, celle qui vous laisse la baiser, Jesus crucifié tout autour du lit ? Eh bien, là, c’est pareil, mais ce n’est pas la même religion, pas le même pays non plus. Mais c’est bien sur ce thème de la prostituée pieuse. C’est un roman sensible, et triste, sur la pauvreté et sur un des rares moyens de s’en sortir. Autour d’un personnage doux, fascinant, en nuance, mais qui est surtout un personnage tristement résigné. La jeune femme a du mal à marier l’amour de Dieu et la manière de s’élever socialement. Elle arrache la vie à sa situation, elle l’empoigne, elle se débat avec pour arme sa seule et unique richesse : son corps.
Un récit triste qui donne envie de lire le livre dont est inspiré ce Roman Graphique aux jolis traits.

Félix Délep, Le Château des animaux, tomes 1 et 2, Casterman, 2019-2020.

Une adaptation de la ferme des animaux que je n’ai jamais lu. Une découverte totale donc que je trouve très violente par moments, un récit triste aux dessins époustouflants. Lourd bd qui nous rappelle qu’on est toujours rattrapé par la réalité

Christophe Arleston, Lanfeust de Troy, tomes 1 à 8, Soleil Production, 1994-2000.

L’univers a franchement des capacités à créer un univers narratif intéressant, mais la misogynie des premiers tomes tâche un peu le cadre. La suite devient tout à fait désintéressante pour d’autres raisons : des coups d’épées de tous côtés sans plus réellement d’histoire et de surprises. Des péripéties impulsaient uniquement par l’erreur de personnages bourrés (assez régulièrement, tous les deux tomes environ si ce n’est plus) car l’auteur ne sait pas faire autrement. Franchement, bof.
Barmaid aux Lettres, 2021.

Ω CHALLENGE : Tour du monde littéraire
Une totalité de 48 pays visités en comptant 1 pays supplémentaire ! Avec Miljenko Jergovic, Freelander, qui nous amène en Bosnie !


Ω CHALLENGE : American Roadtrip Challenge
Avec ces dernière lecture mon score est de : 10/50
Ajout de l’Etat de New York avec Mohawk de Russo et Sexus de Miller, le Montana avec Ann-Lee Waldo, la Géorgie avec Alice Walker, le Kansas avec Sarah Smash .

Ω CHALLENGE : Mythologics
Pour ce challenge, je dois remplir des consignes au fil de mes lectures, équivalent à des offrandes à des Dieux. Avancement :
– Panthéon Nordique 7/10
– Panthéon Aztèque : 3/10
– Panthéon Egyptien : 3/10
– Panthéon Celte : 3/10
– Panthéon Japonais : 2/10
– Panthéon Grec : 3/10
– Panthéon Sumérien : 7/10
– Panthéon Indou : 4/10

Avec mes dernière lecture mon score est de : 32/60

STATS

Ω J’ai lu 08 autrices pour un total de 15 lectures.
Ω J’ai lu 08 livres de littérature étrangère pour un total de 15 lectures.
Ω Ma pile à lire comporte 47 livres


Ω Ce trimestre vous avez été 229 à vous rendre sur le blog.
Vos articles favoris ont été : Freelander, L’eau rouge et La vengeance m’appartient !
A part pour L’Eau rouge qui était une grosse lecture commune, je suis plutôt surprise 🙂

Barmaid aux Lettres, 2021.

PETIT ECRAN

Ω Bombay Begum.
Série féministe ? Oui, il y a du #Metoo, on réfléchit à la place des femmes dans les entreprises en Inde, gravir les échelons, la PMA, l’adolescence, tout y passe avec une justesse incroyable. Pas d’archétypes, juste des femmes avec leurs erreurs et leurs choix. Une camera, certes jolie, mais qui fait passer incroyablement les ambiances et les regards. Vous allez me dire, c’est normal c’est ça l’audiovisuel. Mais là c’est d’une finesse et d’une intensité magistrale.

Ω Why women kill.
Vous êtes nostalgiques de Desperate Housewife ? Voici les mêmes vibes, par le même réalisateur, toujours exceptionnel dans son maniement de la comédie dramatique. Réellement, et dans toute sa définition. De la couleur, du rire et du meurtre.

Ω Fleabag.
Un humour coupant, une sitcom rapide (12 épisodes) mais tellement réaliste ! Des génances, exagérées certes, mais qui nous ressemble. Un humour du désespoir, un humour des liens compliqués avec les autres, un débris du 4e mur. C’est magnifique, ce qu’il faut de loufoque, d’émotion et, pour une fois, de rire sincère.

EXPOSITIONS

Ω QUAI DES SAVOIRS (Toulouse). L’Amour, jusqu’au 07 novembre 2021.
Amour romantique, filiale, maternel, amical… Vous saurez tout sur ce qu’il se passe dans votre cerveau et dans votre coeur ! Une exposition ludique à faire à plusieurs avec des jeux fanchement drôles, des oeuvres surprenantes et de super analyses !

Ω FONDATION CARTIER (Paris). Sarah Sze, De nuit en jour, terminée.
Exposition avec seulement deux œuvres, complexes à appréhendé. Tout était misé sur la médiation. Une expérience très onéreuse et franchement bof .

Ω FONDATION EDF (Paris). Fake News, jusqu’au 30 janvier 2022.
Une belle expo qui dénonce notre hyperconnectivité et notre crédulité, mais avec beaucoup d’humour, ave des œuvres variées et remarquables, ponctuées de réelles analyses sociologiques. On y élève l’âme et l’esprit.

Ω MAGASINS GENERAUX (Pantin). Hotel Sahara, jusqu’au 10 octobre 2021.
Une très belle poétique contemporaine du désert. Une analyse fine des enjeux actuels et des archéologies des blessures de ce lieu fantasmé et redouté.

LUDOTHÈQUE

Ω Res Arcana
Une grande rejouabilité, de 2 à 4 joueurs. Les cartes sont magnifiques, les règles paraissent complexes au début et il faudra quelques pour l’appréhender entièrement.
La lecture des cartes est difficile au début, mais le système est assez simple. C’est un jeu de collecte de ressource en tour par tour assez basique, entre Citadelle et Seven Wonders.

Barmaid aux Lettres, 2021.

LIEUX

Ω PARIS (15). ONEOMANIAC.
Un bar à vin un peu caché, donc on peut profiter aisément de l’immense terrasse. De bons vins, de bons tapas.


Ω Paris (11). L’ATELIER SAISONNIER.
Un brunch avec des produits frais, fait maison. Un moment agréable, et il y en a pour tous les goûts quelques soient vos contraintes alimentaires !

Ω Paris (18). L’ETE EN PENTE DOUCE
Un vrai espace parisien de Montmartre, une place arborée, verte, avec des chaises colorées, de la musique, de la bonne humeur. Un restaurant exceptionnel, qui fait également tapas. Un moment de calme, hors du temps, presque hors de Paris !

A bientôt ! N’hésitez pas à partager vos bons plans expos et nourritures en commentaire ! 😀

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Si tu joues la carte Desparate Housewives, je ne peux que noter Why women kill 🙂

    1. Ahah ! Je te le conseille chaudement alors !
      Ça permet de retrouver le même univers et les mêmes ingrédients sans revoir exactement la même chose pour la 10e fois hihihi

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