Parfum de pluie sur les Balkans – Kuic

Certains commencent ils peut-être à se lasser de ces histoires de vies, ces histoires de familles, saga familiales sur fond historique ; ici, à nouveau, se déroule l’histoire d’une sororité en proie aux amours, à la passion et avec leur temps.
Lecture dans le cadre de la 6ème édition du Mois de l’Europe de l’Est.

Gordana Kuić, Parfum de pluie sur les Balkans, Editions noir sur blanc, 2022, 560 pages.

Histoires de femmes, séparées, retrouvées, qui créées leurs identités malgré les traditions et les guerres. Histoire tout court, des Balkans, de la Croatie, de la Bosnie, de la Serbie, entre deux guerres – et pendant celles-ci – entre tous les feux. Rien de mieux, rien de plus n’aurait pu mieux me séduire.

Il est vrai que sur ce blog les histoires de femmes se multiplient pour parler d’une crise (ne serait-ce que ce mois-ci ici et là, mais aussi avec Vania, Vassia et la fille de Vassia, Le Cap des tempêtes, Bratislava 68 ou encore Les coeurs endurcis pour ne citer qu’eux), encore plus, les histoires qui s’écoulent de générations en générations, de mères en filles, de grands-mères en petites filles, chacune en proie avec son temps, (Le Livre des Reines, par exemple) créant des conflits dans le noyau mais aussi se battant ensemble. C’est vrai que ce type de roman, souvent inspiré par la vie de l’autrice, me plait énormément. Ces sagas familiales, par un langage universel qui raconte des romances, souvent par le prisme de l’histoire de la libération des femmes, permettent de mieux comprendre les enjeux dans un pays qui m’est inconnu – qui compose mon monde et dont pourtant je ne sais rien. Plutôt que les livres d’histoires – qui même à mon grand âge – me paraissent indigestes, utiliser le statut des femmes dans une société pour parler de son évolution, de ses transformations et de ses guerres, permet de mieux comprendre les us et les coutumes, celles qui restent et celles qui disparaissent ; cela est une porte facile à ouvrir vers la compréhension d’une société dans son ensemble, son évolution politique et historique.

Ainsi, les sagas familiales fatiguent peut-être par leur abondance, peuvent paraître mainstreams, peuvent sembler être la solution de facilité pour toutes les jeunes romancières qui souhaitent parler de leur pays. N’empêche que la formule fonctionne – sur moi, et en général sinon ce type de bouquin ne se vendrait pas autant – et en plus n’empêche en rien une grande qualité littéraire.

C’est ici le cas pour la Serbe Gordana Kuić qui raconte l’histoire de sa famille. En effet, elle est la fille d’une des cinq protagonistes principales, la fille de l’une des cinq sœurs de cette famille juive qui a vécu les deux Guerres Mondiales à travers l’Europe. La qualité littéraire est très certaine – ou du moins du grande qualité de traduction – grâce à une langue fluide et un style simple mais agréable, qui nous permet de suivre ces tranches de vies. Sont donc dévoilés quantités de drames, mettant en scène ces jeunes femmes qui réclament leur indépendance, ces jeunes femmes dont on suit l’existence semée de surprises : qui pour les premières fois de leurs vies voyagent, qui sont portées par la passion de l’art, de l’amour, ou de l’émancipation.

C’est donc un format très classique mais extrêmement réussi qui réussi à nous attacher aux personnages, à en faire détester d’autres, et à nous faire adorer virevolter au grès des drames et des joies vécus par cette famille romancée, durant la première moitié du XXe siècle, entre la Croatie, la Bosnie et la Serbie.

8 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Patrice dit :

    Je comprends ton plaisir à lire ce lire et j’aime beaucoup également ces sagas. Celle-ci nous permet de découvrir une région avec un arrière-plan historique, et je trouve ça formidable. Participation bien notée (merci !), c’est la première chronique sur un livre serbe cette année !

    1. Ah ! Tant mieux si en plus je permets une petite entrée de la littérature serbe ! Encore une idée de lecture allègrement pompée chez Passage à l’Est !
      Mais oui, tout à fait j’ai un vrai engouement pour les sagas familiales qui se vérifie ici aussi !

  2. Doudou Matous dit :

    Il y a décidément des pépites à découvrir aux Editions noir sur blanc

    1. oui, surtout pour les littératures de l’Est ils ont une belle sélection !

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