Face au Styx – Bortnikov

Pour la troisième fois depuis le début du Challenge des Littératures slaves, je vais vous parler de Dimitri Bortnikov. Je ne comptais pourtant pas me jeter dans le très gros pavé Face au Styx, j’ai craqué et je me débat avec depuis un mois tant il est dense ! Mais ENFIN je l’ai terminé !

Dimitri Bortnikov, Face au Styx, Rivages poche, 2018, 732 pages.

face-au-styx-tea-9782743638818_0La lecture fut difficile car très longue, mais elle fut tout autant un profond plaisir. Je vous avez parlé de son style spécial, de son utilisation de la ponctuation singulière et de son attrait pour la mort, les esprits avec Repas de morts. Je vous avez également parlé dans Svinobourg, merveilleux & renversant, mon favori, de son thème sur l’enfance traumatique, l’enfance russe. Dans ces trois récits on retrouve Ourson, son fils, on retrouve sa mère, l’enfance à l’hôpital où elle travaillait… On retrouve des choses qui entourent Bortnikov, qui constituent son univers si bien qu’on ne sait plus où se situe le réel de la folie.

Et on retrouve la mort, cette mort qui est omniprésente car elle nous accompagne, les morts nous accompagnent. Détrompez-vous ! Nous sommes loin d’invoquer les spectres, du vaudou ou de Baba-Yaga, mais l’écriture brute et immersive, offerte toute en sensibilité, se prête à la gymnastique de la pensée. Et Dimitri, lui, il ressasse ses souvenirs : ceux de son père, violent désormais mort, ceux de son grand-père, ceux de ses anciennes conquêtes, ceux des femmes dont il a été l’aide soignant. C’est une farandole de noms russes, français, une valse de la Seine à la Volga. Et c’est, non seulement beau, non seulement poignant, mais c’est jouissif, c’est beau, c’est bien écrit… Encore une fois, cet auteur a fait mouche.

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Perdu dans sa tête, dans son identité, se livrant tant à nu… Il côtoie aussi bien lems orts que les vivants dans son esprit à la dérive. Un roman qui se lit comme un coup de poing, par les phrases hachées, les expressions « parlées« . C’est cela, un livre qui n’a pas peur des mots, un livre plus à parler qu’à lire. C’est assez génial.
Le tout avec un enchevêtrement de références littéraires et historiques aussi bien russes que françaises. Un délice !

C’est un livre qui eu fait beaucoup parlé de lui, mais pour une fois c’est réellement justifié. Laissez vous embarquez, et dîtes m’en des nouvelles. Face au Styx dérange autant qu’il enchante et on a rarement vu un livre aussi bien porter son nom.

121241992C’est également ma première participation au Challenge « lire sous la contrainte » bien qu’il ai changé de nom ! Il fallait trouver un livre avec quelque chose qui évoque le liquide, quoi de mieux que le Styx ?

challenge-un-pave-par-moisBien évidemment, avec ses 732 pages il est également le pavé du mois !

Et vous, vous avez déjà lu du Bortnikov ?

10 commentaires Ajouter un commentaire

  1. PHILIPPE D dit :

    Je pense que mon challenge va reprendre son appellation initiale vu le peu de participants cette fois-ci !
    Merci pour cette première participation.
    Voilà un livre que je ne connais pas du tout.
    Bonne semaine.

  2. Valentyne dit :

    Bonjour
    Je ne connais pas du tout cet auteur
    Ce que tu en dis est intrigant
    Je vais voir si je le trouve à ma bibliothèque

    1. J’espère que tu le trouveras ! Il est en effet très intriguant, il faut un certain temps d’adaptation à l’écriture mais c’est vraiment très prenant et cela parle de nombreuses choses qui font réfléchir.

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